Ancien élève de l’École Centrale Paris et docteur en philosophie des sciences, Etienne Klein dirige au CEA le laboratoire de recherche sur les sciences de la matière. Il est professeur à l’ECP et anime l’émission La Conversation scientifique sur France Culture. Dès 1994, il publie Conversations avec le Sphinx, les paradoxes en physique, son premier ouvrage. De nombreuses publications suivent dont, Il était sept fois la révolution, Albert Einstein et les autres en 2005, Le facteur temps ne sonne jamais deux fois en 2007, Discours sur l’origine de l’univers, en 2010, Anagrammes renversantes, ou le sens caché du monde, en 2011, D’où viennent les idées (scientifiques)? et En cherchant Majorana, le physicien absolu, en 2013, Le Monde selon Étienne Klein en 2014… Il a participé à Objectif Mont-Blanc, sur les traces d’un géant, émission produite par Arte 2015. Alpiniste et adepte des sports d’endurance, il prend le départ, depuis plusieurs années, des courses de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc. Etienne Klein est nommé Chevalier de la Légion d’honneur en 2010 puis Officier dans l’ordre national du Mérite et Commandeur des Palmes académiques en 2014.
La science est souvent présentée – et parfois pensée – comme un monstre froid capable d’exorciser l’imaginaire, vu comme un parasite, une scorie encombrante susceptible de souiller les meilleures intentions de la raison. L’adjectif « imaginaire » (un malade imaginaire…) ne renvoie-t-il pas à la fausseté, à l’irréalité, aux chimères, aux illusions, bref à toutes ces choses que la science se voue justement à combattre ? Mais si pareille caricature était exacte, d’où sortiraient les nouvelles idées ?
Pourquoi la question des origines, et donc celle de l’origine de tout l’Univers, suscite-t-elle autant d’intérêt ?Cela vient du fait que l’origine absolue – le passage du néant à l’être, s’il a eu lieu – est le point de rencontre de deux mouvements opposés de la pensée. D’une part, on estime que si l’on connaissait l’origine de l’Univers, on connaîtrait aussi l’intégralité de son histoire et peut-être même le sens de nos existences. Mais, d’autre part, on est porté à croire que c’est en comprenant mieux l’histoire de l’univers que nous pourrions en saisir l’origine. L’origine incarne donc à la fois la solution et le problème, la clé de tout et le mystère le plus absolu : elle représente la réponse à toutes nos interrogations en même temps qu’elle constitue le problème qu’on ne pourra résoudre que lorsqu’on aura résolu tous les autres…
L’idée que les mathématiques sont le langage naturel de la physique est devenue banale et semble claire.. Elle peut toutefois s’interpréter d’au moins deux façons, qui ne sont pas du tout équivalentes du point de vue épistémologique philosophique : - soit ce langage est pensé comme étant celui de la nature même, ce qui implique que celui qui étudie la nature devra l’assimiler pour la comprendre ; - soit, à l’inverse, ce langage est pensé comme étant le langage de l’homme, et c’est donc nécessairement dans ce langage-là que devront être traduits les faits de la nature pour nous devenir compréhensibles. Les progrès récents de la physique aident-ils à départager ces deux approches ?