Renaud Rochette est agrégé d’histoire et docteur en histoire. Il a enseigné dans le secondaire et le supérieur. Depuis 2014, il est responsable formation et recherche à l’IREL (Institut d’étude des religions et de la laïcité, anciennement IESR), où il organise et participe à des formations sur les religions et la laïcité. Il est aussi en charge du réseau européen de l’IREL et des projets européens dans lesquels l’institut est impliqué. Il s’intéresse au monde byzantin, au christianisme orthodoxe et à l’utilisation du religieux dans la fiction spéculative.
L’énergie, au sens de force capable d’effectuer des transformations, est une notion plutôt récente, liée au développement des sciences et à l’essor des sociétés industrielles, où la mise en œuvre des machines suppose l’existence de quelque chose pour mettre en mouvement ces mécaniques inertes. L’humanité n’a pas attendu ces changements tardifs pour parler d’énergie. Dans l’Antiquité, le grec enérgeia, traduit par le latin actus, renvoie à une action. Héritière de la philosophie antique, la théologie chrétienne médiévale a recours à la notion d’énergie, qu’il s’agisse d’une interprétation peu connue (et hérétique), le monoénergisme, ou de la possibilité de contempler Dieu à travers ses énergies, constitutive de la spiritualité orthodoxe. Si, pour les théologiens chrétiens, Dieu n’est pas une sorte de centrale énergétique, le récent glissement de sens a conduit à l’idée qu’il existe des énergies spirituelles, au croisement des deux définitions, dont la plus connue est peut-être la Force.
La guerre en Ukraine n’est pas une guerre de religion. Pourtant, le conflit entre l’Ukraine et la Russie comporte des aspects religieux. Les Ukrainiens sont majoritairement orthodoxes, mais le pays comporte deux Églises orthodoxes concurrentes : une Église indépendante, constituée en 2018 à la demande des autorités ukrainiennes, et une Église rattachée au patriarcat de Moscou. Indépendance spirituelle ou intégration à un ensemble religieux plus vaste dominé par la Russie : c’est le versant religieux de ce conflit dont l’enjeu est l’indépendance de l’Ukraine ou son absorption dans le « monde russe ». Cette opposition entre Églises orthodoxes s’insère aussi dans l’histoire des tensions entre le patriarcat de Constantinople et l’Église orthodoxe russe, et menace l’unité du monde orthodoxe.
La science-fiction est un genre dans lequel on trouve des sociétés construites : parfois, le décalage avec nos sociétés est faible, parfois, ces sociétés fictives sont complètement exotiques. Par cet artifice, les auteurs peuvent développer un discours sur leur société et leur évolution potentielle. On pourrait penser que la construction de ces sociétés fictives comporte des éléments religieux ou spirituels. Or, en science-fiction, la religion est souvent négligée. La dimension « scientifique » du genre, très importante chez les pères fondateurs de la science-fiction, explique en partie l’existence de sociétés futures sans religion. À l’inverse, plusieurs auteurs profitent de ces sociétés et religions fictives pour proposer une réflexion sur le rôle des religions et de la spiritualité dans nos sociétés.