Rémi Bastien est Ingénieur ECAM. Après différentes responsabilités dans le groupe Renault, il devint directeur de la recherche et de l’Innovation du groupe Renault (2009-15), avant de devenir Global Director for Autonomous Driving Prospective de l’alliance Renault/Nissan (2015-16) et finalement directeur de la Prospective automobile du groupe Renault jusqu’en 2021. Il est président honoraire de Next Move (pôle de compétitivité sur la mobilité), CTO de la FISITA, membre du Shift Project et président de l’association PlanèteA. Il a été membre du conseil de EUCAR (président en 2012), président de VEDECOM (institut de recherche public/privé) de 2017 à 2020, et Directeur du programme “ Electronique de puissance ” de la PFA et de la filière Electronique Française de 2020 à fin 2021. Il est co-auteur avec Luc Julia du livre « On va droit dans le mur ? » aux éditions First.
Après avoir été un pionnier de la liberté de mouvement, l'industrie automobile est confrontée à des défis croissants liés aux contraintes environnementales, aux aspirations de la société, à la concurrence des nouveaux venus et à la diminution de l'attrait pour les talents. C'est le bon moment pour explorer les nouvelles opportunités, en tirant parti de toute l'expérience acquise. La mobilité terrestre doit devenir neutre pour l'environnement, redonner de l'espace et du temps libre aux citoyens, offrir une mobilité pour tous, et ce avec le plus haut niveau de sécurité. L'industrie automobile a donc d'énormes opportunités à saisir... Le moment est venu d’accélérer ; les nouveaux entrants seront très actifs ! " Nous ne pouvons pas résoudre nos problèmes en pensant de la même manière que nous les avons créés. " Albert Einstein
La domestication du charbon et surtout du pétrole a accéléré de manière exponentielle la circulation des biens et des personnes. La mobilité n’est pas la conséquence de la prospérité, mais c’est bien l’inverse. Nous nous sommes donc accoutumés à faire venir du bout du monde nos objets ou à voyager loin en avion pour nos vacances ou professionnellement. Cela a dopé nos économies. L’énergie fossile abondante et abordable nous a laissé user, voire abuser de ces mobilités sans limite jusqu’à récemment. Les contraintes liées au climat vont nous obliger à réduire à zéro l’usage des énergies fossiles avant 2050. Pourrons nous trouver des énergies alternatives ou allons nous devoir accepter de limiter la mobilité des biens et des personnes, ou une combinaison des deux ?
Les voitures sont à l’origine de plus de 7 % des émissions anthropiques de CO2 et leur nombre augmente chaque année. La neutralité carbone est impossible pour l'industrie automobile, mais elle pourrait cependant être réduite de plus de 90 %. Le chemin vers la neutralité carbone étant aussi important que la destination, il est nécessaire d’agir conjointement sur les nouvelles voitures et sur le parc existant. Une Analyse de Cycle de Vie doit être entreprise pour évaluer les technologies à utiliser. La seule mesure des émissions des pots d'échappement ne suffit pas. L’utilisation judicieuse de la flotte existante offre également un fort potentiel de bénéfices. Le succès dans la quête de la neutralité carbone ne dépendra pas seulement de l'industrie automobile. Le secteur de l’énergie est fortement impliqué, notamment en matière de production d’électricité ; également celui des matériaux utilisés dans la phase amont de l’assemble des voitures. Le soutien par les différents territoires du monde pour une meilleure utilisation du parc automobile impactera aussi.