Raphaël Chevrier est responsable des communications chez MaiaSpace, une société qui conçoit, développe et commercialise le premier mini-lanceur réutilisable européen. Entre 2016 et 2023, Raphaël Chevrier a travaillé pour Arianespace, opérateur de services de lancements spatiaux européen, d’abord en tant qu’assistant exécutif auprès du Président exécutif Stéphane Israël, puis comme Business Developer en charge des sujets d’innovation et d’exploration, ainsi que du management des offres commerciales. Docteur en physique nucléaire, Raphaël Chevrier a préparé et défendu sa thèse au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives en 2013. Passionné de vulgarisation scientifique et ancien chroniqueur pour la presse scientifique, il publie un nouveau livre « Les saccageurs de l’espace. Débris, militarisation, exploitation : comment faire pour sauver notre bien commun » (Buchet-Chastel, 2023).
Deux ans pour construire un satellite. Deux mois de préparation du lancement en Guyane française. Deux heures à bord de la fusée, moteurs allumés. Quinze ans de vie en orbite. La vie d’un satellite évolue dans un espace-temps relatif. Au Centre Spatial Guyanais de Kourou, des années de travail convergent vers cet instant précis où le directeur technique d’Arianespace donne l’autorisation d’enclencher la séquence synchronisée de lancement. Par cette décision instantanée, sans retour, le sort du satellite est joué. Une fois séparé du véhicule spatial, le satellite est lancé dans une vaste épopée où l’équilibre de coûts, de temps et de carburant est savamment étudié. En quoi le temps devient-il une donnée critique en apesanteur ? [Comment la trajectoire de la fusée peut-elle allonger l’espérance de vie du satellite sur son orbite opérationnelle ?] Une chose est certaine : les lancements spatiaux agglomèrent en un moment décisif le passé, le présent et l’avenir de tout objet parti à la rencontre du cosmos.
Lutter contre la gravité de la Terre : c’est le principe même d’une fusée, destinée à transporter des satellites à plusieurs centaines, milliers, dizaines de milliers de kilomètres d’altitude. La charge utile mise en orbite ne représente généralement qu’un ou deux pourcents de la masse totale d’un lanceur. Le reste correspond aux structures et aux carburants, répartis sur plusieurs étages. A quelles lois de la physique répondent les lancements de fusées, et comment l’énergie est-elle répartie tout au long des différentes phases de vol ? En ayant fait le choix de développer le premier mini-lanceur réutilisable européen, comment MaiaSpace gère-t-elle le retour du premier étage à la surface de la planète ? Peut-on réduire l’impact environnemental dans l’avenir ? Avec des perspectives inédites d’activités dans les prochaines décennies, la gestion de l’énergie et de l’utilisation des matières premières sera clé pour assurer la pérennité du secteur spatial.
Quiconque a déjà suivi un lancement spatial, depuis le Centre Spatial Guyanais ou derrière un écran, aura remarqué la concentration qui anime les équipes durant les toutes dernières opérations de la chronologie finale et pendant la séquence de lancement… avant de laisser la joie s’installer sur les visages au moment de l’injection du satellite sur son orbite. Concentration, car chaque lancement requiert la maîtrise d’une infinité de paramètres traités avec une extrême rigueur et minutie. Joie, car si rien n’est laissé au hasard, certains aléas – par exemple les conditions météorologiques – font de chaque mission spatiale une aventure unique. Une chose est certaine : avec 40 ans d’expérience, Arianespace n’a cessé de réduire, lancement après lancement, la place du hasard dans ses missions spatiales.