Guillaume Lecointre est enseignant-chercheur (UMR 7205), zoologiste, systématicien, professeur du Muséum national d’Histoire naturelle où il occupe les fonctions de conseiller scientifique du président. Il est à l’origine de 122 publications professionnelles et 22 livres. Ses recherches portent sur la phylogénie et la systématique des poissons téléostéens, tant à partir de données moléculaires qu’anatomiques. Son terrain de zoologiste est le plateau continental antarctique. Ses activités relatives à l’amélioration de l’enseignement des sciences et de diffusion des connaissances sont très significatives ; il a notamment tenu durant dix ans la rubrique scientifique hebdomadaire de Charlie Hebdo. Il est double lauréat de la Société zoologique de France (1996, 2006), prix national 2009 du Comité Laïcité République, Prix 2012 de l’Union Rationaliste, et fait chevalier de la Légion d’honneur en 2016.
Si le temps se manifeste à nous par des relations de causes à effets, nous verrons que parmi les cellules qui constituent un individu, les mêmes causes engendrent les mêmes effets que parmi les individus qui constituent un lignage généalogique. La biologie la plus récente nous indique aujourd’hui que, contrairement à ce que nous avions jadis appris à l’école, le temps de l’individu est le même que le temps de l’évolution. L’histoire naturelle nous entraîne à jouer avec les échelles de temps et d’espace pour comprendre la diversité des phénomènes naturels ; en l’occurrence, si la sélection naturelle est d’abord comprise comme stabilisatrice, elle se réalise dans un temps unique à toutes les échelles spatiales. Par conséquent, l’individu est une trajectoire historique de cellules, tout comme l’espèce est une trajectoire historique d’individus.