Joël Sebban est historien, spécialiste de l’analyse des processus de sécularisation en France et en Amérique du Nord et des relations interreligieuses. élève de l’école Normale Supérieure, agrégé d’histoire et ancien post-doctorant à l’université Harvard, il va faire paraître en janvier prochain son premier livre, issu de sa thèse de doctorat, aux éditions Belin-Passés Composés : « L’invention de la « civilisation judéo-chrétienne » . L’état-nation et l’émancipation des juifs en France de la Révolution française à Vichy » . À rebours de la théorie dite du « choc des civilisations » qui postule une essence religieuse de la modernité occidentale, il soutient l’idée selon laquelle les communautés religieuses ont dû repenser leurs propres traditions à l’aune de leur ancrage dans les états-nations modernes, séparant la religion et la politique.
Le hasard est présent tout autant dans le déroulement des événements que dans la connaissance que nous sommes capables de nous faire du passé. Songeons à ce que serait notre savoir sur l’Égypte ancienne sans ce soldat qui, par hasard, a découvert durant la campagne napoléonienne en 1799 un morceau de pierre permettant à Jean-François Champollion de déchiffrer les hiéroglyphes. Et pourtant les historiens se sont très longtemps méfiés du hasard. La discipline historique s’est fondée en tant que science au XIXe siècle sur la connaissance de faits dits « positifs » dont l’origine était absolument certaine, détachée de toute contingence. Les générations plus modernes d’historiens ont tâché de faire toute sa place au hasard jusqu’à écrire son histoire et saisir cette part d’immatériel, d’aléas que nous désignons par un terme emprunté à l’arabe, signifiant à l’origine un jeu de dés et, par extension, une « Science de la chance ».