Dès son plus jeune âge, Catherine Maunoury s’est intéressée aux avions. Elle n’a que huit ans quand son père, médecin pilote, l’emmène voler pour la première fois. Encouragée par lui, elle a quinze ans pour son premier vol en solo et devient la plus jeune pilote brevetée à 17 ans. Sa passion la mène au plus haut niveau de la compétition : elle accumule les titres aux championnats de France, d’Europe et du monde et se situe toujours aujourd’hui parmi les meilleures femmes pilotes au niveau mondial. En 2010 Catherine Maunoury est nommée à la direction du musée de l’Air et de l’espace du Bourget et en 2017 présidente de l’Aéro-Club de France.
7 minutes : c’est le temps d’une épreuve sur les 3 qui se déroulent en quelques jours une seule fois tous les 2 ans… La différence entre la voltige aérienne et les autres sports de haut niveau est que tout va se jouer sur un maximum de 3 épreuves de 7’ et qu’il n’y a pas plusieurs manches. Lors des compétitions de ski par exemple, ou des courses de vitesse de voitures, il y a des possibilités de se rattraper. On ne perd pas tout en 10 secondes. Dans la compétition de voltige, si… Il faut donc être bon au bon moment et y consacrer plusieurs temps. Chacun de ces temps à ses propres enjeux. Ce qui veut dire former une équipe, écouter, anticiper et se préparer à toute éventualité pour gérer l’imprévu. Comment gagner... 12 ans plus tard ? Comment choisir de nouvelles voies ? On n’est pas excellent sans repasser par l’humilité absolue, l’apprentissage absolu, entouré des gens les plus talentueux possible. L’écoute nous permet aussi de saisir de nouvelles opportunités. Et d’oser ! Dans tout ce que j’ai entrepris, il y avait des rapports à l’équipe assez différents, mais l’écoute et l’anticipation avaient la même importance et il y avait toujours un mentor.
Le premier looping de l'histoire de l'aviation fut accompli par une machine, sans l'aide d'un pilote... et avec une " intelligence " réduite ; c'était en 1913. Par la suite, les ingénieurs inventèrent le pilotage automatique et d'autres systèmes intelligents capables d'épauler les pilotes, de faciliter leurs prises de décision pour assurer les différentes missions et fonctions dévolues à l'aviation. Les voltigeurs n'ont guère profité de ces progrès technologiques pour développer leur art. Mais que signifierait une compétition de voltige entre avions intelligents ou encore une manifestation aérienne assurée par des avions pilotés par des IA ? Si voler n'est pas le propre de l'humain, l'humain peut-il se passer de la liberté offerte par le vol ? La liberté de l'homme-volant commence-t-elle là où l'IA arrête la sienne ?
Avant le plaisir de décoller à bord d’un avion de voltige, je procède toujours à une minutieuse check-list : en aviation, rien ne peut ni ne doit être laissé au hasard. Bien des innovations aéronautiques sont pourtant le fruit de ce hasard. Depuis l’aérostat des frères Montgolfier, il a fallu, il faut toujours laisser place au hasard pour découvrir et explorer de nouveaux territoires, pour permettre l’émergence et le développement de l’aviation. Pour autant, le souci d’éviter l’échec et les accidents, de maîtriser les risques en ne lui laissant aucune place, a toujours été au centre des préoccupations des acteurs de l’aviation, de la conception des avions à l’organisation de la navigation aérienne ou à la connaissance de la météorologie. A certains, le simple fait de voler en avion, semble encore laissé au hasard des croyances, d’un dieu ou d’une bonne fée qui tirera au sort ceux qui doivent être rescapés d’un vol. Nous savons bien qu’il n’en est rien mais que le risque zéro n’existe pas en aviation et qu’il faut toujours se méfier des événements qui peuvent survenir par hasard, sans qu’il soit possible de les prévoir ni de les prévenir pour réduire autant que possible toutes les sources de possibles défaillances. Alors, la voltige aérienne laisse-t-elle de la place au hasard ? Parfois, en tout cas en compétition, lors du tirage au sort de l’ordre de passage des concurrents d’un championnat du monde ! Mais une fois tout vérifié ... alea jacta est !
Que ce soit une rencontre pour un recrutement, une réunion avec des décideurs ou pour quelque enjeu personnel, il nous faut être excellent sur un temps court. Comment préparer un rendez-vous d’excellence ? Passion et Patience vont ensemble et poussent sur la même racine, le verbe grecque :« souffrir » dans le sens « éprouver ». Ces mots nous offrent des clés de préparation, d’une organisation du temps que nous allons visiter ensemble. La passion, c’est ce qui vous fait endurer plus que les autres, la patience c’est ce qui fait supporter la progression lente jusqu’à l’excellence, les améliorations et les erreurs, les éléments de préparation qui appartiennent à des temps longs ou moyens. Comment mettre de la patience dans une passion pour lui permettre de durer, de s’organiser, de se complexifier, de s’accomplir ? La passion dans laquelle on s’est plongé rencontre des contraintes que l’on surmonte par l’apprentissage, la constitution d’une équipe et l’acquisition de l’expérience, de la maîtrise et de la compétence pour contourner les contraintes que l’on rencontre avec inventivité et confiance. Pour rendre l’équipe performante, je dois l’écouter. Libérer la parole. « Celui qui écoute est écouté ». La confiance toujours... Quelle est la part de risque acceptable ? Jusqu’où va la confiance ? On travaille par succession d’erreurs. « Vous interdisez l’erreur vous empêchez la victoire »
En un siècle, le désir de vol ancestral s’est concrétisé de façon fulgurante et, de tous les outils que s’est donné l’homme, l’avion est sans doute celui qui a le plus bouleversé sa vie. Les défis environnementaux questionnent l’avenir du fait aérien, souvent mis en cause dans des proportions qui dépassent de loin son effet objectif. Celui du 21ème siècle est bien d’accélérer la transition vers une décarbonations totale tout en conservant pour l’humanité les bienfaits indiscutables des techniques aéronautiques et spatiales. L’aéronautique doit et va relever le défi de sa pérennité et de son indispensable transformation, en particulier en matière de décarbonation pour relever les défis environnementaux et le changement climatique que nous affrontons. Pour cela, elle dispose d’indéniables atouts : une longue expérience d’innovations techniques ; une culture de l’audace, de l’entreprise, de la prise de risque, toujours portée depuis ses pionniers par la passion (qui fait tout endurer) et la patience (qui fait accepter risques, erreurs et succès), la progression jusqu’à l’excellence que nous lui connaissons. L’humanité ne peut pas envisager de futur en ignorant les bienfaits indiscutables de l’aviation et de l’espace qui assurent notre mobilité, notre sécurité et la gestion de nos environnements. Bref, pour assurer un « développement durable » de nos sociétés.
De tous les outils que s’est donné l’homme, l’avion est sans doute celui qui a le plus modifié sa manière d’appréhender le monde. L’énergie utilisée pour s’arracher à la pesanteur est au cœur même du développement de la capacité à voler depuis le moteur à vapeur de Clément Ader jusqu’aux moteurs des fusées en passant par ceux du Concorde, contemporains des premières prises de conscience écologiques. Le fait de voler est aujourd’hui questionné au regard des différents défis environnementaux et du changement climatique que nous affrontons ; il est même devenu une sorte de bouc émissaire qui porte « les péchés de la technologie » au-delà de son impact réel sur l’environnement. L’aviation doit donc relever le défi de sa pérennité, de son indispensable transformation, en particulier en matière de décarbonation. L’industrie aéronautique est déjà entrée dans une période d’innovation sans précédent depuis l’avènement du transport aérien et de nombreuses voies sont explorées. L’humanité peut-elle raisonnablement envisager un futur qui ignorerait, voire refuserait les bienfaits de l’aviation et de l’espace ? L’aviation conserve-t-elle toute son utilité pour assurer mobilité, développement économique, sécurité, défense nationale et gestion de nos environnements ? Bref, pour assurer un « développement durable » de nos sociétés, de notre humanité.