Yves Barral est spécialiste de la division cellulaire asymétrique. Ces études visent à comprendre comment le fuseau mitotique et la machinerie de séparation cellulaire sont coordonnés pour former deux cellules filles différentes l’une de l’autre, et donc pour générer de la diversité cellulaire et biologique. A l’Institut de Technologie Fédéral Suisse de Zurich, Il est professeur, directeur de recherche, directeur des études en Biologie, et vice-directeur de l’institut de Biologie. Il dirige un laboratoire d’une vingtaine de personnes. Au cours des dix dernières années il s’est particulièrement intéressé aux mécanismes du vieillissement, en partant du vieillissement de la cellule. Ses travaux indiquent que la capacité des systèmes vivants à accumuler la mémoire des conditions qu’ils ont rencontrées et à utiliser cette information pour s’adapter à leur environnement et à anticiper ses changements est intrinsèquement lié à leur vieillissement. Il explore la possibilité de partir de ces observations pour établir des liens entre la biologie et les mathématiques et particulièrement avec les systèmes axiomatiques. A un niveau plus philosophique, ses travaux l’amènent à s’intéresser aux différences entre les notions de temps en physique et en biologie. En effet ces différences apparaissent comme formant la base de tout processus de cognition.
L’apparition de l’agriculture dans l’histoire de l’humanité est associée avec le développement de l’idée qu’un Dieu ou plusieurs Dieux ont créé le monde à notre intension et nous ont donné des droits sur la nature. Cette démarche éminemment anthropocentrique s’est imposée en opposition à l’anthropomorphisme des croyances animistes. Les conséquences de l’anthropocentrisme telles que nous l’observons au travers de l’étendue sans précédent d’extinction d’espèces et du changement climatique rapide doivent nous pousser à repenser notre rapport à la nature. Une voie possible fait jour au travers des développements de la biologie et ce qu'ils nous révèlent des similarités que nous partageons avec les autres espèces, mais aussi ce qui fait la spécificité de notre espèce. L’une d’elle est cette capacité à nous projeter mentalement dans les autres espèces et à les associer à notre histoire, l'anthropomorphisme. Et si la biologie pouvait nous réconcilier avec une version rationnelle de cette attitude et à s’en servir pour fonder une nouvelle symbiose avec la nature ?
L’analyse des systèmes vivants, des bactéries à l’homme, révèlent la sophistication des mécanismes et des stratégies d’adaptation développés au cours de l’évolution. Leur inscription dans le patrimoine génétique des individus, appelé aussi génome, nous donne une premier source sur l’histoire de l’espèce et des conditions auxquelles elle a dû s’adapter, dont le génome est en quelque sorte la mémoire. Ainsi, nous réagissons souvent à notre environnement de la façon qui s’avéra la plus avantageuse à nos ancêtres, et non forcément de la façon la plus appropriée à la situation contemporaine. C’est probablement la raison qui a poussé les systèmes biologiques à évoluer des mécanismes de perception, de mémorisation et d’apprentissage permettant de s’adapter à des situations nouvelles. Je m’appuierais sur nos découvertes dans des organismes très simples pour suggérer que c’est là un processus très général du monde vivant.