Sylvie Quesemand Zucca, psychiatre psychanalyste, travaille en pratique libérale avec des adolescents et jeunes adultes et, hebdomadairement dans une consultation auprès de personnes migrantes et nouvellement arrivées sur le sol français. Sylvie a travaillé 10 ans avec le docteur Xavier Emmanuelli sur les questions de précarité et de psychiatrie dans le cadre de la première cellule mobile » psychiatrie précarité « . Sylvie Quesemand Zucca mène actuellement une réflexion sur les liens entre les flux d’images numériques et les symptômes à l’adolescence. Dans le monde adulte, elle s’intéresse de manière plus générale à la psychopathologie des faits contemporains.
Une pédopsychiatre au pays des pixels Depuis trente ans Sylvie Zucca suit des enfants, des adolescents et des adultes en souffrance psychologique. Elle constate l’effet délétère des écrans sur toute une génération, le développement de pathologies nouvelles et, dans des cas extrêmes, un retrait de la vraie vie. Peu mesurent l’ampleur du changement de notre rapport au monde induit par la médiatisation des écrans. Cette mutation anthropologique implique une remise en cause des diagnostics et des pratiques hospitalières. Nous entrons dans l’ère du vivant numérique où ressentis et perceptions suivent des chemins qui bafouent les règles de fonctionnement du monde physique auquel nous sommes habitués. De nouvelles formes de dépendance se créent. Sentiment d’impunité, acoutumance à la violence, nombrilisme atteignent des niveaux préocupants. Habitude d’immédiateté et soumission au flot des réseaux nous exemptent de questionnement sur l’origine et la fabrication des contenus que nous ingurgitons et nous détournent de l’esprit critique.À partir de cas vécus par ses patients, le docteur Zucca nous fait toucher du doigt la réalité des enjeux auxquels nos sociétés font face. Elle propose des solutions de bon sens comme apprendre à se défaire du binge watching et des formules qui nous aident à prendre conscience de la misère affective à laquelle les écrans peuvent nous conduire (métro, boulot, porno). Aidée par des images choc (le fil du chargeur du téléphone comparé à un cordon ombilical), la plume est acérée, le propos, loin de stigmatiser, cherche à guérir.