Ancien étudiant de l’École Normale Supérieure, Romain Ligneul est chargé de recherche à Lyon (Inserm), où il étudie les mécanismes cognitifs et neurobiologiques impliqués dans l’apprentissage, la prise de décision et la motivation. Auparavant, il a travaillé aux Pays-Bas et au Portugal, où il s’est formé aux neurosciences computationnelles (modélisation) et aux neurosciences » systèmes » (expérimentation multi-échelle), après une thèse centrée sur les neurosciences cognitives s’intéressant principalement au cerveau humain. Ses recherches sur notre capacité à prédire et à contrôler l’environnement l’ont notamment amené à questionner la formalisation des concepts de causalité et de hasard en sciences cognitives, à défendre une vision plus extensive des « motivations intrinsèques » qui structurent et orientent nos comportements au-delà de l’obtention de ressources matérielles, et à proposer de nouvelles approches pour caractériser et prédire la nature et l’évolution de certains troubles psychiatriques tels que la dépression ou l’anxiété.
Le contrôle exécutif constitue un trésor évolutif permettant aux êtres humains de résoudre des problèmes nouveaux et d’atteindre des niveaux de performance extrêmes dans de nombreux domaines. Cependant, la complexité et le mystère qui entourent encore sa réalisation neurobiologique sont à l'origine de nombreuses approximations, voire d'une certaine confusion lorsque les recherches qui s'intéressent à cette fonction cognitive viennent à la rencontre de la société. L'une des idées reçues les plus communes est notamment qu'un contrôle exécutif performant requiert un comportement de " robot " marqué par une absence quasi-totale de créativité ou d'imprévisibilité. Or notre capacité à produire des comportements imprévisibles ou proches de l'aléatoire est parfois indispensable pour contrôler efficacement le monde qui nous entoure, apprendre et faire face à des situations qui requièrent de percevoir les relations causales qui structurent notre environnement. Dans cette conférence, je montrerai donc comment il est possible d'articuler les concepts de contrôle, de hasard et d’agentivité de façon cohérente grâce aux neurosciences, en passant par la psychologie cognitive, l'intelligence artificielle et la théorie de l'information.