Guy Pignolet a fait le tour de la troisième planète du système solaire, comme ingénieur de terrain dans la recherche pétrolière, puis comme spécialiste de la conquête spatiale auprès de l’agence française de l’espace et des organisations mondiales d’astronautique. Ancien boursier Zellidja, ancien élève de l’Ecole Polytechnique, ancien président du Comité Education de la Fédération Internationale d’Astronautique, Guy Pignolet est titulaire d’un doctorat en sciences du Comportement et de l’Organisation de l’Université de Cornell. Aujourd’hui responsable du développement régional des activités spatiales à l’île de La Réunion dans un contexte planétaire, il assure en parallèle des formations aux méthodes performantes de conduite des projets conçues initialement pour l’exploration interplanétaire.
Fruits de 13,7 milliards d’années inscrites dans les particules élémentaires qui composent chacun des atomes des cellules de nos corps, nous avons déjà vécu l’émergence des systèmes vivants, la conquête des océans et des terres, et dans les dernières secondes passées d’un calendrier cosmique, l’ouverture à la dimension planétaire d’une civilisation technologique. Nous accédons aujourd’hui à la pleine conscience d’être les enfants d’une étoile qui nous a fourni substance et énergie. Quelles sont maintenant les questions que nous pouvons nous poser en tant qu’habitants de l’atmosphère d’un soleil à l’aube d’une transition majeure et extrêmement rapide d’une ampleur encore plus importante que celle vécue depuis dix mille ans par nos ancêtres pour leur passage du néolithique à la modernité ?
Si l’information est devenue sans conteste le pilote majeur de l’évolution humaine et planétaire, l’énergie en reste le moteur premier, sous toutes ses formes, que ce soient les énergies naturelles, capricieuses, ou les énergies dites fossiles, et l’on rangera aussi dans cette catégorie l’énergie nucléaire de fission, fiables mais limitées à un horizon temporel assez proche. Dans tous les cas, si l’on y regarde bien, notre énergie est d’origine solaire : solaire en conserve pour les fossiles et les minerais, solaire éolien ou hydraulique, solaire photovoltaïque, ou solaire artificiel le jour où nous maîtriserons la fusion nucléaire. La première qualité demandée aux énergies dont a besoin l’humanité est qu’elles soient facilement contrôlables, et l’énergie électrique est incontestablement devenue le choix premier. Alors, se demandent un certain nombre d’artisans du futur, Américains, Japonais, Indiens, Chinois, Européens, ne pourrions-nous pas aller chercher l’énergie solaire en orbite géostationnaire, où elle est disponible en abondance 24 heures sur 24, sans nuages ni cycle des jours et des nuits ? C’est réalisable nous disent de multiples études, et en laboratoire, nous savons déjà comment entre des projecteurs et des capteurs hyperfréquences transporter sans risque cette énergie orbitale pour la ramener à la surface de la planète où nous l’utiliserons…
D’où venons-nous, qui sommes-nous, où allons-nous ? En suivant la flèche du temps, selon le point de vue que l’on adopte nous allons vers un « futur » qui est une projection dans la continuité de notre passé et de notre présent, ou, si nous adoptons une vision plus large, nous pouvons aussi comprendre que nous entrons dans un « à-venir » plutôt imprédictible. La distinction entre futur et avenir n’est pas innocente et cela fait partie du génie de la langue française de distinguer les deux concepts. On peut faire des plans pour « préparer » des futurs potentiellement harmonieux et œuvrer à leur réalisation. Par contre, ce qui est à venir, ce qui va nous tomber dessus, nous est largement inconnu, et très certainement le mieux à faire dans cette situation est de « SE préparer » pour offrir une bonne résilience face aux aléas inattendus et pour être capables d’intégrer des ressources nouvelles. Ce sont là des distinctions qu’il nous faut apprendre à reconnaitre pour cultiver une diversité de comportements appropriés…