Philippe Gaudin, agrégé de philosophie et docteur de l’EPHE (École pratique des hautes études, mention religions et systèmes de pensée), ancien directeur de l’IREL (Institut d’étude des religions et de la laïcité) créé en 2002 par le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche au sein de l’EPHE. Il partage son travail entre recherche, conférences et formations sur laïcité et faits religieux dans le monde contemporain. Il intervient pour l’éducation nationale, en milieu hospitalier, pour le ministère de la justice et celui de l’intérieur. Il intervient aussi auprès d’associations ou d’entreprises. Il a publié notamment : » Vers une laïcité d’intelligence en France ? » ; » Tempête sur la laïcité « …
La vie des entreprises est un aspect de la vie sociale. Comme ailleurs, pour la vie des individus, le principe est la liberté mais dans un cadre juridique spécifique où elle est protégée et limitée. Ce cadre n’est pas celui de la laïcité de l’État et des différentes fonctions publiques.
Les diversités sont diverses (culturelles, religieuses, sociales, sexuelles, ethniques, d’âges, liées aux handicaps etc. !). On peut donc considérer la laïcité comme un modèle de gestion de la diversité des convictions religieuses et philosophiques dont on peut s’inspirer pour d’autres formes de diversités.
Cette nouvelle donne, cette situation inédite, ne peuvent être saisies que si l’on comprend ce qui a déterminé le style religieux et politique de l’histoire de France. En allant de l’affirmation de l’État par la royauté à la globalisation contemporaine générant les angoisses identitaires, en passant par les guerres de religion, la Révolution, la séparation des Églises et de l’État.
La laïcité comme principe philosophique et juridique a permis de trouver concrètement un équilibre politique en France entre catholiques, juifs, protestants et personnes sans affiliation religieuse. La sécularisation actuelle de la société, le déclin des grandes idéologies de remplacement, les revendications exprimées au nom de l’islam changent la donne…
Les philosophes sont à la fois de leur temps et hors de leur temps. L’exercice – très classique ! - consiste donc à comprendre comment leur pensée inscrite dans l’histoire nous aide à penser et à vivre, aujourd’hui.