Laurent Jodoin est ingénieur et docteur en philosophie des sciences (U. de Paris I-Sorbonne/U. de Montréal, summa cum laude). Il enseigne présentement au Collège Lionel-Groulx et à l’université de Montréal. Ses recherches touchent principalement à la structure des explications des systèmes complexes en physique et en biologie, et plus spécifiquement celles faisant intervenir le concept d’entropie. Il travaille également à approfondir et promouvoir les principes du développement durable, tant au niveau conceptuel que pratique, et ce, par ses enseignements, ses recherches et son implication. Il a ainsi dirigé un vaste projet interdisciplinaire financé par le CRDI et visant à améliorer la justice énergétique des femmes en milieu rural en Afrique subsaharienne. Il a aussi donné de nombreuses conférences en Europe, en Amérique du Nord et en Afrique.
À l’échelle mondiale, le secteur de l’énergie porte la plus grande responsabilité du changement climatique. Les communautés les plus touchées par les impacts climatiques sont souvent celles qui ont le taux d’accès à l’énergie le plus faible. C’est donc là une question éthique urgente. En Afrique subsaharienne, les femmes en milieu rural sont plus vulnérables et ont un besoin plus crucial de services énergétiques que celles en milieu urbain. Elles sont au centre ma recherche, qui adopte un cadre normatif basé sur le concept de justice énergétique et utilise le prisme de l’approche des capabilités. Des preuves quantitatives (questionnaires) et qualitatives (focus groups) issues d’une enquête approfondie auprès de 2 290 ménages (hommes/femmes au Bénin, au Sénégal et au Togo) sont utilisées pour proposer un diagnostic de ces communautés rurales. L’étude montre que prendre des décisions énergétiques en s’appuyant sur un cadre inspiré de l’éthique mène à des politiques et des résultats plus justes et plus efficaces. Les principes de justice énergétique permettent de mieux identifier certains enjeux de justice et l’approche des capabilités aide à bien cerner les problèmes auxquels les personnes les plus vulnérables font face.